Débat national pour l'avenir de l'École
Chacun de nous est concerné
La communauté éducative a besoin des Atoss
La loi d'orientation de 1989 reconnaît et affirme la place des Atoss comme
membres à part entière de la communauté scolaire et leur
rôle éducatif. Le débat sur l'Éducation doit permettre
de rappeler et de renforcer la participation des personnels Atoss à:
l'apprentissage du respect pour le travail effectué en faisant prendre
conscience que l'objectif est bien d'offrir à tous de meilleures conditions
d'études et de travail ;
l'éducation à la santé (prévention Sida, maltraitance
)
;
l'éducation dans le domaine nutritionnel. Il faut réaffirmer que
tout acte posé dans un établissement d'enseignement où
il y a des jeunes à éduquer est en lien avec l'acte éducatif
; en cela aussi, les Atoss contribuent à la réussite scolaire.
Inscrite dans la loi, la reconnaissance du rôle éducatif des personnels
Atoss doit progresser dans les établissements et ne pas être remise
en cause quels que soient les prétextes avancés.
Enseigner, un métier qui s'apprend
Prendre en compte l'évolution du métier enseignant représente
un enjeu essentiel pour l'École et pour une meilleure réussite
de tous les jeunes.
Comme tous les métiers, enseigner s'apprend. Plus il est difficile d'enseigner
et plus l'enseignant doit être formé en tant que professionnel
de l'Éducation.
L'enjeu de la formation initiale est de préparer les futurs enseignants
à l'exercice d'un métier réel : maîtrise de savoirs
renouvelés, maîtrise de l'hétérogénéité
des publics scolaires, maîtrise de la gestion de la classe, des groupes
et des situations de conflits, capacité à travailler collectivement,
par projet, dans une école ou un établissement, capacité
à travailler en partenariat.
Luc Ferry tourne le dos à cette ambition en voulant figer la formation
sur le modèle du compagnonnage au nom d'une conception rétrograde
de l'École et d'une vision du métier d'enseignant réduit
à la prestation disciplinaire au sein de la classe. Aujourd'hui, il ne
s'agit pas d'abandonner l'ambition née de la politique des IUFM, mais
au contraire d'évaluer objectivement celle-ci pour lui donner un nouvel
élan.
Éducation prioritaire : une vraie relance pour une
vraie priorité !
Vingt ans après le lancement des Zep et cinq ans après les Assises
de Rouen, il est indispensable de procéder à l'état des
lieux afin de donner un nouveau souffle à la politique de l'éducation
prioritaire.
Cette relance doit passer par :
une redéfinition de l'éducation prioritaire ciblant les structures
locales les plus marquées par les injustices sociales et les exclusions;
un engagement fort de l'État pour une politique articulant l'action de
l'Éducation nationale avec les projets éducatifs locaux ;
une prise en compte du travail et des projets engagés depuis des années
par les équipes éducatives des Zep/Rep, une mutualisation des
expériences, un réel accompagnement des personnels ;
un temps de concertation pour permettre de « travailler autrement »
inscrit dans le service des personnels ;
des projets réellement contractualisés, c'est-à-dire bénéficiant
sur plusieurs années des moyens nécessaires à leur réalisation
: postes supplémentaires, crédits, coordination, formation.
À l'évidence, les Zep/Rep ne sont plus une priorité pour
le ministère de l'Éducation nationale. Le Sgen-CFDT dénonce
la décision ministérielle d'affecter les moyens supplémentaires
des Zep au profit de l'opération Dédoublement des CP, figeant
ainsi l'utilisation des moyens dont les équipes peuvent disposer. Premier
outil de cohésion sociale, l'École doit contribuer à une
société solidaire. La politique des Zep doit constituer une vraie
priorité.
Faire évoluer le métier dans le premier degré
Susciter une participation active des élèves dans la cons-truction
des savoirs tout en développant la responsabilité et la démocratie
dans le quotidien de l'école, c'est, pour le Sgen-CFDT, favoriser la
réussite de tous les jeunes.
Ces exigences tracent les lignes de force indispensables du métier enseignant
dans un monde qui change.
Pour mieux vivre ce métier en nécessaire évolution, les
enseignants ont besoin que les amorces de réponse soient poursuivies
et davantage « soutenues » :
plus de maîtres que de classes ;
un renforcement de leur polyvalence et de celle de l'équipe ;
des réseaux d'aide complets ;
des équipes de circonscription plus étoffées et plus disponibles
;
de l'aide et du conseil plutôt que de l'inspection.
En outre, les enseignants ont plus que jamais besoin de temps en commun pour
élaborer et faire vivre les projets, pour développer, en équipe,
une mutualisation des moyens, des méthodes, des compétences diverses,
pour concrétiser les partenariats qui font de l'ouverture de l'école
un enrichissement.
Le Sgen-CFDT revendique donc l'accroissement du temps de concertation à
plus de 100 heures annuelles, c'est à dire l'équivalent de 3 heures
hebdomadaires inscrites dans le temps de service.
C'est l'affirmation de ces moyens qui permettra de faire de l'hétérogénéité
des classes vécue aujourd'hui comme un obstacle un véritable atout
qui facilitera le suivi individualisé des élèves, c'est
ce que le Sgen-CFDT portera dans le cadre du débat sur l'École.
Le collège au cur du débat
Le collège actuel accueille tous les jeunes d'une classe d'âge.
En cela, il est dit « unique ».
Force est de constater pourtant que certaines filières existent pour
évacuer les élèves qui posent problème. Force est
aussi de constater les nombreux dysfonctionnements qui le traversent : échecs
scolaires se traduisant par des sorties du système sans qualification,
orientation par défaut, absen- téisme, incivilités, difficultés
pour les personnels à gérer l'hétérogénéité
des savoirs et des comportements.
Bref, une crise de confiance remet en cause l'ensemble du dispositif et fait
émerger des propositions allant dans le sens - même si elles s'en
défendent - d'une disparition de l'idéal d'un collège pour
tous : alternance et pré-professionnalisation sont au programme pour
les élèves en échec ou les jeunes au comportement difficile.
Peut-on conserver les objectifs qui ont présidé à la création
du collège unique tout en assurant la réussite de tous ? Comment
concilier des objectifs de socialisation tels que ceux de la mixité sociale
et sexuelle avec des objectifs de contenus communs à tous ? Comment définir
contenus et méthodes de cette formation initiale obligatoire jusqu'à
16 ans pour qu'elle puisse s'articuler avec une formation tout au long de la
vie ? Quel contenu et quelle place pour les enseignements technologiques et
professionnels pour qu'ils ne soient pas relégués au rang d'enseignement
pour élèves en difficulté ?
Pour le Sgen-CFDT, les difficultés actuelles du collège ne doivent
pas entraîner le renoncement à des ambitions légitimes mais
une recherche, dans un débat qui implique tous les acteurs de l'École
et de la société, d'une meilleure adaptation aux besoins actuels.
Pour une orientation choisie
Le débat sur la responsabilité de l'Éducation nationale
dans l'orientation initiale et tout au long de la vie concerne la société
toute entière et, en premier lieu, les familles.
Face à la complexité et aux dysfonctionnements actuels, celles-ci
sont demandeuses d'un véritable service public de conseil en orientation,
gratuit, démocratique et de proximité qui garantisse la dimension
nationale de l'information et sa neutralité par rapport au marché
lucratif en développement rapide dans ce domaine.
Les personnels d'orientation ont manifesté très clairement l'an
dernier leur attachement à ce service public qui doit s'appuyer, d'une
part, sur un réseau de CIO dont la mission, le statut et les moyens de
fonctionnement doivent être clairement redéfinis dans le paysage
des partenaires locaux de l'insertion et, d'autre part, sur une présence
accrue, aux côté des équipes éducatives, dans les
établissements, des conseillers d'orientation psychologues dont la fonction
d'écoute et de conseil aide les équipes dans leur recherche de
solutions éducatives.
Le Sgen-CFDT refuse, par ailleurs, l'orientation trop précoce vers le
monde du travail, qui n'est souvent qu'une fausse solution pour des jeunes en
grand mal-être scolaire et qui renforce toujours les déterminismes
sociaux.
Enseignement professionnel
L'enseignement professionnel est à un tournant de son histoire : après
les années de croissance, les années de concurrence et de changement.
L'augmentation des besoins en formation professionnelle, la formation tout au
long de la vie, le développement de la validation des acquis de l'expérience
concernent au premier chef l'enseignement professionnel et rendent encore plus
essentiels un socle commun de connaissances pour tous les jeunes et une orientation
à la fin de la troisième seulement.
Dans le même temps, des orientations politiques du gouvernement visent
à modifier le paysage des LP : lycée des métiers, bac professionnel
en trois ans, politique régionale et nationale de développement
de l'apprentissage, décentralisation de la formation professionnelle,
pré-orientation précoce dès la quatrième dans les
dispositifs en alternance
Comment le service public peut-il relever le défi qui lui est ainsi lancé
? Comment le service public peut-il assurer la réussite de tous les jeunes
?
L'enseignement professionnel et ses acteurs ont leur place, toute leur place,
dans le débat sur l'École.
Enseignement supérieur
Comment passer de la massification du nombre d'étudiants à une
massification de leur réussite ?
Les réformes en cours dans les universités - LMD, validation des
acquis de l'expérience (VAE) et des acquis professionnels (VAP) - devraient
permettre à un plus grand nombre d'étudiants de sortir du système
après avoir acquis un bagage de compétences.
Ces réformes peuvent-elles être mises en uvre :
à niveau égal de moyens, sans rééquilibrage entre
établissements (CPGE, grandes écoles et universités) ?
uniquement par des projets de loi, ou bien par la mobilisation et l'expression
démocratique des personnels, par la prise en compte des changements intervenus
dans leurs métiers ?
Le développement des stages en entreprise, qui accompagne la professionnalisation
des études, signifie-t-il privatisation ou implique-t-il plutôt
garanties contractuelles pédagogiques, et garanties législatives
pour que le statut des stagiaires s'inscrive enfin dans le droit social ?