7 novembre 2003

Débat national pour l'avenir de l'École

Chacun de nous est concerné

La communauté éducative a besoin des Atoss
La loi d'orientation de 1989 reconnaît et affirme la place des Atoss comme membres à part entière de la communauté scolaire et leur rôle éducatif. Le débat sur l'Éducation doit permettre de rappeler et de renforcer la participation des personnels Atoss à:

l'apprentissage du respect pour le travail effectué en faisant prendre conscience que l'objectif est bien d'offrir à tous de meilleures conditions d'études et de travail ;

l'éducation à la santé (prévention Sida, maltraitance…) ;

l'éducation dans le domaine nutritionnel. Il faut réaffirmer que tout acte posé dans un établissement d'enseignement où il y a des jeunes à éduquer est en lien avec l'acte éducatif ; en cela aussi, les Atoss contribuent à la réussite scolaire.
Inscrite dans la loi, la reconnaissance du rôle éducatif des personnels Atoss doit progresser dans les établissements et ne pas être remise en cause quels que soient les prétextes avancés.

Enseigner, un métier qui s'apprend
Prendre en compte l'évolution du métier enseignant représente un enjeu essentiel pour l'École et pour une meilleure réussite de tous les jeunes.
Comme tous les métiers, enseigner s'apprend. Plus il est difficile d'enseigner et plus l'enseignant doit être formé en tant que professionnel de l'Éducation.
L'enjeu de la formation initiale est de préparer les futurs enseignants à l'exercice d'un métier réel : maîtrise de savoirs renouvelés, maîtrise de l'hétérogénéité des publics scolaires, maîtrise de la gestion de la classe, des groupes et des situations de conflits, capacité à travailler collectivement, par projet, dans une école ou un établissement, capacité à travailler en partenariat.
Luc Ferry tourne le dos à cette ambition en voulant figer la formation sur le modèle du compagnonnage au nom d'une conception rétrograde de l'École et d'une vision du métier d'enseignant réduit à la prestation disciplinaire au sein de la classe. Aujourd'hui, il ne s'agit pas d'abandonner l'ambition née de la politique des IUFM, mais au contraire d'évaluer objectivement celle-ci pour lui donner un nouvel élan.

Éducation prioritaire : une vraie relance pour une vraie priorité !
Vingt ans après le lancement des Zep et cinq ans après les Assises de Rouen, il est indispensable de procéder à l'état des lieux afin de donner un nouveau souffle à la politique de l'éducation prioritaire.
Cette relance doit passer par :

une redéfinition de l'éducation prioritaire ciblant les structures locales les plus marquées par les injustices sociales et les exclusions;

un engagement fort de l'État pour une politique articulant l'action de l'Éducation nationale avec les projets éducatifs locaux ;

une prise en compte du travail et des projets engagés depuis des années par les équipes éducatives des Zep/Rep, une mutualisation des expériences, un réel accompagnement des personnels ;

un temps de concertation pour permettre de « travailler autrement » inscrit dans le service des personnels ;

des projets réellement contractualisés, c'est-à-dire bénéficiant sur plusieurs années des moyens nécessaires à leur réalisation : postes supplémentaires, crédits, coordination, formation.
À l'évidence, les Zep/Rep ne sont plus une priorité pour le ministère de l'Éducation nationale. Le Sgen-CFDT dénonce la décision ministérielle d'affecter les moyens supplémentaires des Zep au profit de l'opération Dédoublement des CP, figeant ainsi l'utilisation des moyens dont les équipes peuvent disposer. Premier outil de cohésion sociale, l'École doit contribuer à une société solidaire. La politique des Zep doit constituer une vraie priorité.

Faire évoluer le métier dans le premier degré
Susciter une participation active des élèves dans la cons-truction des savoirs tout en développant la responsabilité et la démocratie dans le quotidien de l'école, c'est, pour le Sgen-CFDT, favoriser la réussite de tous les jeunes.
Ces exigences tracent les lignes de force indispensables du métier enseignant dans un monde qui change.
Pour mieux vivre ce métier en nécessaire évolution, les enseignants ont besoin que les amorces de réponse soient poursuivies et davantage « soutenues » :

plus de maîtres que de classes ;
un renforcement de leur polyvalence et de celle de l'équipe ;
des réseaux d'aide complets ;
des équipes de circonscription plus étoffées et plus disponibles ;
de l'aide et du conseil plutôt que de l'inspection.

En outre, les enseignants ont plus que jamais besoin de temps en commun pour élaborer et faire vivre les projets, pour développer, en équipe, une mutualisation des moyens, des méthodes, des compétences diverses, pour concrétiser les partenariats qui font de l'ouverture de l'école un enrichissement.
Le Sgen-CFDT revendique donc l'accroissement du temps de concertation à plus de 100 heures annuelles, c'est à dire l'équivalent de 3 heures hebdomadaires inscrites dans le temps de service.
C'est l'affirmation de ces moyens qui permettra de faire de l'hétérogénéité des classes vécue aujourd'hui comme un obstacle un véritable atout qui facilitera le suivi individualisé des élèves, c'est ce que le Sgen-CFDT portera dans le cadre du débat sur l'École.

Le collège au cœur du débat
Le collège actuel accueille tous les jeunes d'une classe d'âge. En cela, il est dit « unique ».
Force est de constater pourtant que certaines filières existent pour évacuer les élèves qui posent problème. Force est aussi de constater les nombreux dysfonctionnements qui le traversent : échecs scolaires se traduisant par des sorties du système sans qualification, orientation par défaut, absen- téisme, incivilités, difficultés pour les personnels à gérer l'hétérogénéité des savoirs et des comportements.
Bref, une crise de confiance remet en cause l'ensemble du dispositif et fait émerger des propositions allant dans le sens - même si elles s'en défendent - d'une disparition de l'idéal d'un collège pour tous : alternance et pré-professionnalisation sont au programme pour les élèves en échec ou les jeunes au comportement difficile.
Peut-on conserver les objectifs qui ont présidé à la création du collège unique tout en assurant la réussite de tous ? Comment concilier des objectifs de socialisation tels que ceux de la mixité sociale et sexuelle avec des objectifs de contenus communs à tous ? Comment définir contenus et méthodes de cette formation initiale obligatoire jusqu'à 16 ans pour qu'elle puisse s'articuler avec une formation tout au long de la vie ? Quel contenu et quelle place pour les enseignements technologiques et professionnels pour qu'ils ne soient pas relégués au rang d'enseignement pour élèves en difficulté ?
Pour le Sgen-CFDT, les difficultés actuelles du collège ne doivent pas entraîner le renoncement à des ambitions légitimes mais une recherche, dans un débat qui implique tous les acteurs de l'École et de la société, d'une meilleure adaptation aux besoins actuels.

Pour une orientation choisie
Le débat sur la responsabilité de l'Éducation nationale dans l'orientation initiale et tout au long de la vie concerne la société toute entière et, en premier lieu, les familles.
Face à la complexité et aux dysfonctionnements actuels, celles-ci sont demandeuses d'un véritable service public de conseil en orientation, gratuit, démocratique et de proximité qui garantisse la dimension nationale de l'information et sa neutralité par rapport au marché lucratif en développement rapide dans ce domaine.
Les personnels d'orientation ont manifesté très clairement l'an dernier leur attachement à ce service public qui doit s'appuyer, d'une part, sur un réseau de CIO dont la mission, le statut et les moyens de fonctionnement doivent être clairement redéfinis dans le paysage des partenaires locaux de l'insertion et, d'autre part, sur une présence accrue, aux côté des équipes éducatives, dans les établissements, des conseillers d'orientation psychologues dont la fonction d'écoute et de conseil aide les équipes dans leur recherche de solutions éducatives.
Le Sgen-CFDT refuse, par ailleurs, l'orientation trop précoce vers le monde du travail, qui n'est souvent qu'une fausse solution pour des jeunes en grand mal-être scolaire et qui renforce toujours les déterminismes sociaux.

Enseignement professionnel
L'enseignement professionnel est à un tournant de son histoire : après les années de croissance, les années de concurrence et de changement. L'augmentation des besoins en formation professionnelle, la formation tout au long de la vie, le développement de la validation des acquis de l'expérience concernent au premier chef l'enseignement professionnel et rendent encore plus essentiels un socle commun de connaissances pour tous les jeunes et une orientation à la fin de la troisième seulement.
Dans le même temps, des orientations politiques du gouvernement visent à modifier le paysage des LP : lycée des métiers, bac professionnel en trois ans, politique régionale et nationale de développement de l'apprentissage, décentralisation de la formation professionnelle, pré-orientation précoce dès la quatrième dans les dispositifs en alternance…
Comment le service public peut-il relever le défi qui lui est ainsi lancé ? Comment le service public peut-il assurer la réussite de tous les jeunes ?
L'enseignement professionnel et ses acteurs ont leur place, toute leur place, dans le débat sur l'École.

Enseignement supérieur
Comment passer de la massification du nombre d'étudiants à une massification de leur réussite ?
Les réformes en cours dans les universités - LMD, validation des acquis de l'expérience (VAE) et des acquis professionnels (VAP) - devraient permettre à un plus grand nombre d'étudiants de sortir du système après avoir acquis un bagage de compétences.
Ces réformes peuvent-elles être mises en œuvre :

à niveau égal de moyens, sans rééquilibrage entre établissements (CPGE, grandes écoles et universités) ?
uniquement par des projets de loi, ou bien par la mobilisation et l'expression démocratique des personnels, par la prise en compte des changements intervenus dans leurs métiers ?
Le développement des stages en entreprise, qui accompagne la professionnalisation des études, signifie-t-il privatisation ou implique-t-il plutôt garanties contractuelles pédagogiques, et garanties législatives pour que le statut des stagiaires s'inscrive enfin dans le droit social ?